Témoignages

Parmi les victimes du burnout, ayant fait appel à mes compétences pour un suivi individuel, quelques témoignages, sous un prénom d’emprunt pour garantir leur anonymat. Je les remercie chaleureusement de leur partage et je les félicite du chemin qu’ils ont accompli courageusement.

Je vous remercie pour m’avoir reçu en votre cabinet, à Lausanne. La séance de bilan que j’ai pu faire avec vous a été essentielle et voici ce que vous m’avez apporté au cours de cet échange:

  • Un espace tranquille où je me suis sentie écoutée. J’ai été d’autant plus en confiance que l’attention que vous m’avez accordée est digne d’une spécialiste.
  • Une écoute précise de mon récit, de mes ressentiments, de mes anecdotes au travers desquels vous avez su détecter les failles et comportements qui m’ont inévitablement conduite au Burn-out.
  • Des conseils de raisonnement, d’hygiène de vie et de savoir lâcher-prise en rapport direct avec ma personnalité.
  • Des références culturelles pour encore mieux comprendre son mal et pour mieux s’en relever.
  • Je ne me suis plus sentie seule face à ce mal-être, ce qui engendre une déculpabilisation.
  • En sortant de chez vous, on réalise qu’il est essentiel d’être accompagnée, aidée et guidée par un psychologue pour pouvoir mieux se relever et guérir l’âme de toutes ses souffrances.
  • En effet, je suis « tombée » en avril 2006 et, 11 mois après, je me rends compte que je suis toujours fragile et fatiguée psychologiquement.
  • Une lueur d’espoir pour des lendemains meilleurs.

Par ailleurs, je viens de finir la lecture du livre témoignage de Philippe Labro: quel soulagement de lire les mots d’une victime, qui, comme vous me l’avez dit, explique et exprime parfaitement le vécu et le ressenti, les symptômes, la déconstruction et la reconstruction. Merci pour m’avoir donné cette référence, bien précieuse à mes yeux et en cet instant précis de ma vie.

« Alors que dire du burnout… plein de choses… »

D’abord c’est insidieux, je ne me suis pas rendue compte. Ce dont je me suis rendue compte c’est que j’étais tout le temps fatiguée au point que je me suis imaginée avoir un cancer (comme professionnelle de la santé je savais que c’est un des symptômes souvent décrits) et je me préparais déjà à entendre un diagnostic de ce type. A plusieurs reprises j’ai émis l’idée d’aller voir un médecin mais comme mon mari est médecin et qu’il était sceptique cela m’en a tenue éloignée.

Ensuite j’avais des pensées du style: je ne me comprends plus, j’aime pourtant faire ce que je fais, pourquoi cela ne me porte pas? Est-ce que j’aime vraiment faire ce que je fais? Je me refermais sur moi-même avec un sentiment de honte.

Alors les collègues et surtout mon chef sont venus me mettre la tête sous l’eau, sans le savoir probablement, ils tapaient là où ça fait mal: mon chef m’a même donné à lire un article sorti dans le journal qui disait qu’il est important d’avoir du plaisir au travail et il me le donnait en disant « vous voyez vous n’avez pas de plaisir au travail, vous devez changer de travail »!

Je subissais cela de plein fouet. Et je devenais de plus en plus confuse. On me reprochait un mal être que je n’arrivais pas à cerner et on me mettait au ban pour cela. Le pire est le jugement et la condamnation par mes pairs. L’attitude rejetant des pairs a agrandi ma confusion, j’avais l’impression que je ne me connaissais plus et cela m’angoissait terriblement, quand je l’écris maintenant une boule de tristesse me remonte à la gorge et j’ai encore envie de pleurer. Un côté de moi me disait « mais tu aimes ton travail » et l’autre côté me disait « tu ne dois pas aimer ton travail puisqu’on te dit que tu n’es pas adéquate » Alors le doute m’a fait plonger d’un étage en dessous.

Je résume: Quelque chose ne va pas que je n’identifie pas, vient se rajouter le regard dépréciatif de mon entourage professionnel et l’angoisse se saisit de moi, le cercle infernal est enclenché: les commentaires se font plus durs et le doute s’insinue et se rajoute au mal-être de départ. C’est l’horreur, parce que je me suis crûe malade mentale. Je comprenais de moins en moins et mon intérieur s’assombrissait toujours un peu plus. Ma raison a fini par donner raison aux autres. Et les autres ont crû avoir raison. C’est là aussi où ça fait mal. Il faut être fort et je n’ai pas réussi. C’est un échec.

Mon chef, tout en ayant une attitude dure qui m’enfonçait (il était totalement inadéquat par rapport à mon senti), m’a tout de même suggéré d’aller vous voir. Plus pour aller dans son sens et pour lui prouver que j’étais capable de faire ça « par amour pour mon boulot », j’ai suivi son conseil. Vous avez été une aide parce que vous m’avez permis de nommer ce que je vivais: ce que je vivais avait un nom: le burnout ouf! je n’étais donc pas devenue folle! Voilà un étage de remonté! Puis j’ai pu extérioriser ma colère et ma tristesse, la partager: vous l’avez comprise et tout devenait admissible, cela aussi a fait baisser la pression. Une autre personne du milieu du travail a été une aide parce qu’elle a dit que du coté de chez elle aussi des choses difficiles se vivaient; il y avait « comme une nouvelle vision des choses en l’air »; mon mal être devenait encore plus compréhensible. Cela m’a permis de m’appuyer sur l’idée que contrairement à ce qu’on me disait dans mon service « cela ne tenait pas qu’à moi ».

Quels changements est-ce que je mets en place? Aujourd’hui j’ai pris la distance nécessaire qui me permet de percevoir le piège dans lequel je suis tombée: ma non compréhension de moi-même m’a entraînée dans la dépendance de l’opinion d’autrui. Aujourd’hui j’ai pu revaloriser mon travail passé. Et plein de situations où les patients étaient en confiance me reviennent en mémoire et je réalise qu’ils ont eu en face d’eux q’un qui leur inspirait confiance et à qui ils ont pu se dire et avoir un reflet positif pour eux. J’ai pu reprendre confiance en moi et l’estime de moi-même et du travail que j’ai accompli aussi en analysant les pensées, le contexte social, les injonctions éducationnelles et cela me permet d’envisager l’avenir plus sereinement.

Le cours que j’ai fait ensuite: « retravailler à 50 ans » m’a beaucoup aidé parce notre coach a eu la bonne manière de nous faire travailler sur nos compétences, j’ai senti mon courage revenir. En faisant une liste de mes compétences je me suis sentie être moins nulle. Ce cours m’a permis de relativiser. En partageant avec d’autres qui se sont trouvés dans la même situation, cela m’a permis de réaliser que ça arrive à bien d’autres gens d’autres milieux professionnels. C’est rassurant même si c’est moche. Je crois que créer des groupes de partage est un bon moyen de s’aider face à ces situations traumatisantes.

Février 2007, 11 mois après le burnout.

Un Burnout, moi? Jamais… et pourtant… Avant que tout cela ne m’arrive, le burnout ne représentait pas grand-chose pour moi, un terme flou, quelque chose de très éloigné et qui ne pouvait me toucher. Je ne connaissais personne qui avait vécu un burnout, en tout cas personnellement.

L’expérience qui m’a conduit au-delà de mes limites, semblait pourtant très bien commencer: un nouveau challenge une nouvelle équipe, un beau projet. Je me suis investi corps et âme dans cette aventure, il était clair que cela serait difficile mais le jeu semblait en valoir la chandelle. Nous avons travaillé dur, le jour, la nuit les WE, les jours fériés. Bien sûr, au départ, l’adversité soude l’équipe, les repas au bureau, les sorties entre collègues. Il se créé un paradoxe: les personnes sont fières de montrer, de dire qu’elles travaillent plus (?!). Les premiers signaux apparaissent, certaines personnes de l’équipe se sont rebellées, ou même ont démissionné. Mais la pression étant toujours présente, on ne réalise pas ce qui se passe vraiment. Les félicitations, les promesses sont comme des dopants pour tenir plus et encore plus…

J’ai mis ma vie personnelle petit en petit en « stand by », sans vraiment m’en rendre compte: moins d’activités personnelles comme le sport, moins de temps pour voir les amis, et de moins en moins de temps pour voir ma femme! L’équilibre et les plaisirs de la vie ont disparu d’un coté, et de l’autre le bout du tunnel professionnel s’est encore éloigné (toujours plus de problèmes a résoudre, etc., etc.). Le rêve s’est transformé en cauchemar…

La motivation a disparu, les symptômes tels que les insomnies, le stress, les problèmes gastriques, les crises d’angoisses, se sont accentués. A la maison, j’étais de plus en plus difficile à vivre; au travail, moins patient et plus agressif avec mes collaborateurs. Le cynisme a remplacé l’enthousiasme… J’étais complètement vidé, je n’arrivais plus à récupérer. Mon oxygène, c’est tout d’abord le sport, je tentais de m’entraîner tôt le matin ou tard le soir, mais cela n’accentuait que ma fatigue au lieu de me ressourcer…

Ma femme a finalement réalisé que c’était un burnout, je ne voulais toujours pas y croire, ce n’était pas possible, un burnout! J’ai demandé de l’aide à mon management et aux ressources humaines, j’ai été honnête, exposé ce que je ressentais franchement mais en vain. En tant que citron, il fallait encore donner du jus… Les tensions se sont accentuées, les symptômes également, et finalement mon entourage et ma femme m’ont convaincu d’aller voir un médecin. J’appréhendais cette entrevue, je pensais qu’il ne me croirait pas, que c’était une illusion. Mais la délivrance est venue, oui c’est un burnout! Il faut faire un break, fini le bureau! Je suis retourné annoncer la nouvelle à mon équipe, qui a été formidable de soutien et de marque d’affection (ça fait du bien au moral). Quant à ma hiérarchie, que dire: nul, aucune compassion. Ils ont considéré ce burnout comme une déclaration de guerre.

Un terrible soulagement, une renaissance! Un médecin fantastique qui a pris le temps de m’écouter, de me comprendre. J’ai vécu une première phase euphorique: redécouverte de la vie, du plaisir, ma famille, ma femme, mes amis! Une orgie d’émotions et de bons moments partagés! Après quelques semaines, une phase plus dépressive a suivi, bien que grâce au sport et à la compétition, le plaisir restait tout de même présent. Je suis un épicurien, j’aime la vie, j’aime profiter de la vie, et cette phase était plus difficile à vivre.

Plus les jours passaient, plus une envie de comprendre se faisait sentir, de passer un cap. Je suis allé à une conférence sur le burnout pour mieux appréhender ce « phénomène ». C’est durant cette présentation que j’ai eu le plaisir de rencontrer Madame Vasey qui avait fait une intervention très intéressante. A ce moment-là, je me disais: « pas besoin de psy », bien que mon médecin (généraliste) jouait de facto ce rôle durant nos séances. 2-3 semaines après cette conférence, en discutant avec mon médecin, j’ai émis le souhait d’aller plus loin et de rencontrer une spécialiste du burnout. Je me suis souvenu de Madame Vasey et de son intervention et j’ai pris rendez-vous. J’avoue que c’était une première pour moi, et je ne savais pas vraiment ce qui m’attendait.

Je me suis senti très vite à l’aise, et ces quelques séances m’ont permis d’analyser tout ce qui s’est passé, de mieux comprendre pourquoi et comment je suis allé au delà des mes limites. De mieux identifier les symptômes, et surtout d’en tenir compte. Étant sportif, les bobos ne m’arrêtent pas, malgré la douleur il faut aller plus loin, mais ,ce coup-ci, c’était trop loin! Ces séances je pense m’ont permis de capitaliser sur cette expérience. J’ai beaucoup appris sur moi, bien sur j’aurais préféré ne pas vivre cette situation, mais maintenant que cela fait partie de moi autant en tirer parti et être plus fort et prêt pour les prochains challenges.

Le burnout ne m’a pas seulement affecté personnellement mais également mes proches et ma femme en particulier. Notre couple a vraiment souffert durant cette période, et je ne voulais plus que cela se reproduise. Les blessures étaient encore ouvertes et douloureuses. Ma femme m’avait demandé que l’on rencontre quelqu’un, mais déjà plongé dans le burnout, je n’étais pas moi-même, et cela n’a déclenché que de l’agressivité: « nous ne sommes pas dans une série Télé, c’est hors de question! » J’en ai discuté ouvertement durant une de mes séances, et il s’est avéré que Monsieur Vasey est spécialiste du couple; fantastique, tout le service psychologique sur place!

Nous avons fait deux séances qui nous ont fait sincèrement énormément de bien! Un lieu neutre où nous nous sommes sentis (après un petit round d’observation) très a l’aise également. Nous avons pu clarifier et exprimer tout ce que nous avions besoin de dire, et surtout, se comprendre un peu mieux l’un l’autre. J’habite toujours sur Mars et ma femme sur Venus mais nos planètes se sont rapprochées.

Les sentiments sont présents mais lorsque la mécanique s’enraille, il ne faut pas attendre pour réparer. Il faut entretenir son couple et je le dis sincèrement, ces séances nous ont donné un bon coup de pouce! Aujourd’hui, quelques mois après le burnout, je suis prêt pour relever de nouveaux défis, je suis heureux que ces séances m’ont aidé a m’armer d’une certaine façon contre moi-même, mon enthousiasme et mon énergie débordante. J’avais autant d’à-priori sur ces séances de couple que sur le fait de consulter un psy, mais aujourd’hui je vous le conseille vraiment l’un comme l’autre.

Merci sincèrement à tous les 2!

PS: Je voudrais remercier tout mon entourage qui a été fantastique durant cette période difficile, mes amis, mes copains, ma famille et ma femme. MERCI, MERCI de tout mon coeur!

Je vous remercie pour m’avoir reçu en votre cabinet, à Lausanne. La séance de bilan que j’ai pu faire avec vous a été essentielle et voici ce que vous m’avez apporté au cours de cet échange:

  • Un espace tranquille où je me suis sentie écoutée. J’ai été d’autant plus en confiance que l’attention que vous m’avez accordée est digne d’une spécialiste.
  • Une écoute précise de mon récit, de mes ressentiments, de mes anecdotes au travers desquels vous avez su détecter les failles et comportements qui m’ont inévitablement conduite au Burn-out.
  • Des conseils de raisonnement, d’hygiène de vie et de savoir lâcher-prise en rapport direct avec ma personnalité.
  • Des références culturelles pour encore mieux comprendre son mal et pour mieux s’en relever.
  • Je ne me suis plus sentie seule face à ce mal-être, ce qui engendre une déculpabilisation.
  • En sortant de chez vous, on réalise qu’il est essentiel d’être accompagnée, aidée et guidée par un psychologue pour pouvoir mieux se relever et guérir l’âme de toutes ses souffrances.
  • En effet, je suis « tombée » en avril 2006 et, 11 mois après, je me rends compte que je suis toujours fragile et fatiguée psychologiquement.
  • Une lueur d’espoir pour des lendemains meilleurs.

Par ailleurs, je viens de finir la lecture du livre témoignage de Philippe Labro: quel soulagement de lire les mots d’une victime, qui, comme vous me l’avez dit, explique et exprime parfaitement le vécu et le ressenti, les symptômes, la déconstruction et la reconstruction. Merci pour m’avoir donné cette référence, bien précieuse à mes yeux et en cet instant précis de ma vie.

« Alors que dire du burnout… plein de choses… »

D’abord c’est insidieux, je ne me suis pas rendue compte. Ce dont je me suis rendue compte c’est que j’étais tout le temps fatiguée au point que je me suis imaginée avoir un cancer (comme professionnelle de la santé je savais que c’est un des symptômes souvent décrits) et je me préparais déjà à entendre un diagnostic de ce type. A plusieurs reprises j’ai émis l’idée d’aller voir un médecin mais comme mon mari est médecin et qu’il était sceptique cela m’en a tenue éloignée.

Ensuite j’avais des pensées du style: je ne me comprends plus, j’aime pourtant faire ce que je fais, pourquoi cela ne me porte pas? Est-ce que j’aime vraiment faire ce que je fais? Je me refermais sur moi-même avec un sentiment de honte.

Alors les collègues et surtout mon chef sont venus me mettre la tête sous l’eau, sans le savoir probablement, ils tapaient là où ça fait mal: mon chef m’a même donné à lire un article sorti dans le journal qui disait qu’il est important d’avoir du plaisir au travail et il me le donnait en disant « vous voyez vous n’avez pas de plaisir au travail, vous devez changer de travail »!

Je subissais cela de plein fouet. Et je devenais de plus en plus confuse. On me reprochait un mal être que je n’arrivais pas à cerner et on me mettait au ban pour cela. Le pire est le jugement et la condamnation par mes pairs. L’attitude rejetant des pairs a agrandi ma confusion, j’avais l’impression que je ne me connaissais plus et cela m’angoissait terriblement, quand je l’écris maintenant une boule de tristesse me remonte à la gorge et j’ai encore envie de pleurer. Un côté de moi me disait « mais tu aimes ton travail » et l’autre côté me disait « tu ne dois pas aimer ton travail puisqu’on te dit que tu n’es pas adéquate » Alors le doute m’a fait plonger d’un étage en dessous.

Je résume: Quelque chose ne va pas que je n’identifie pas, vient se rajouter le regard dépréciatif de mon entourage professionnel et l’angoisse se saisit de moi, le cercle infernal est enclenché: les commentaires se font plus durs et le doute s’insinue et se rajoute au mal-être de départ. C’est l’horreur, parce que je me suis crûe malade mentale. Je comprenais de moins en moins et mon intérieur s’assombrissait toujours un peu plus. Ma raison a fini par donner raison aux autres. Et les autres ont crû avoir raison. C’est là aussi où ça fait mal. Il faut être fort et je n’ai pas réussi. C’est un échec.

Mon chef, tout en ayant une attitude dure qui m’enfonçait (il était totalement inadéquat par rapport à mon senti), m’a tout de même suggéré d’aller vous voir. Plus pour aller dans son sens et pour lui prouver que j’étais capable de faire ça « par amour pour mon boulot », j’ai suivi son conseil. Vous avez été une aide parce que vous m’avez permis de nommer ce que je vivais: ce que je vivais avait un nom: le burnout ouf! je n’étais donc pas devenue folle! Voilà un étage de remonté! Puis j’ai pu extérioriser ma colère et ma tristesse, la partager: vous l’avez comprise et tout devenait admissible, cela aussi a fait baisser la pression. Une autre personne du milieu du travail a été une aide parce qu’elle a dit que du coté de chez elle aussi des choses difficiles se vivaient; il y avait « comme une nouvelle vision des choses en l’air »; mon mal être devenait encore plus compréhensible. Cela m’a permis de m’appuyer sur l’idée que contrairement à ce qu’on me disait dans mon service « cela ne tenait pas qu’à moi ».

Quels changements est-ce que je mets en place? Aujourd’hui j’ai pris la distance nécessaire qui me permet de percevoir le piège dans lequel je suis tombée: ma non compréhension de moi-même m’a entraînée dans la dépendance de l’opinion d’autrui. Aujourd’hui j’ai pu revaloriser mon travail passé. Et plein de situations où les patients étaient en confiance me reviennent en mémoire et je réalise qu’ils ont eu en face d’eux q’un qui leur inspirait confiance et à qui ils ont pu se dire et avoir un reflet positif pour eux. J’ai pu reprendre confiance en moi et l’estime de moi-même et du travail que j’ai accompli aussi en analysant les pensées, le contexte social, les injonctions éducationnelles et cela me permet d’envisager l’avenir plus sereinement.

Le cours que j’ai fait ensuite: « retravailler à 50 ans » m’a beaucoup aidé parce notre coach a eu la bonne manière de nous faire travailler sur nos compétences, j’ai senti mon courage revenir. En faisant une liste de mes compétences je me suis sentie être moins nulle. Ce cours m’a permis de relativiser. En partageant avec d’autres qui se sont trouvés dans la même situation, cela m’a permis de réaliser que ça arrive à bien d’autres gens d’autres milieux professionnels. C’est rassurant même si c’est moche. Je crois que créer des groupes de partage est un bon moyen de s’aider face à ces situations traumatisantes.

Février 2007, 11 mois après le burnout.

Un Burnout, moi? Jamais… et pourtant… Avant que tout cela ne m’arrive, le burnout ne représentait pas grand-chose pour moi, un terme flou, quelque chose de très éloigné et qui ne pouvait me toucher. Je ne connaissais personne qui avait vécu un burnout, en tout cas personnellement.

L’expérience qui m’a conduit au-delà de mes limites, semblait pourtant très bien commencer: un nouveau challenge une nouvelle équipe, un beau projet. Je me suis investi corps et âme dans cette aventure, il était clair que cela serait difficile mais le jeu semblait en valoir la chandelle. Nous avons travaillé dur, le jour, la nuit les WE, les jours fériés. Bien sûr, au départ, l’adversité soude l’équipe, les repas au bureau, les sorties entre collègues. Il se créé un paradoxe: les personnes sont fières de montrer, de dire qu’elles travaillent plus (?!). Les premiers signaux apparaissent, certaines personnes de l’équipe se sont rebellées, ou même ont démissionné. Mais la pression étant toujours présente, on ne réalise pas ce qui se passe vraiment. Les félicitations, les promesses sont comme des dopants pour tenir plus et encore plus…

J’ai mis ma vie personnelle petit en petit en « stand by », sans vraiment m’en rendre compte: moins d’activités personnelles comme le sport, moins de temps pour voir les amis, et de moins en moins de temps pour voir ma femme! L’équilibre et les plaisirs de la vie ont disparu d’un coté, et de l’autre le bout du tunnel professionnel s’est encore éloigné (toujours plus de problèmes a résoudre, etc., etc.). Le rêve s’est transformé en cauchemar…

La motivation a disparu, les symptômes tels que les insomnies, le stress, les problèmes gastriques, les crises d’angoisses, se sont accentués. A la maison, j’étais de plus en plus difficile à vivre; au travail, moins patient et plus agressif avec mes collaborateurs. Le cynisme a remplacé l’enthousiasme… J’étais complètement vidé, je n’arrivais plus à récupérer. Mon oxygène, c’est tout d’abord le sport, je tentais de m’entraîner tôt le matin ou tard le soir, mais cela n’accentuait que ma fatigue au lieu de me ressourcer…

Ma femme a finalement réalisé que c’était un burnout, je ne voulais toujours pas y croire, ce n’était pas possible, un burnout! J’ai demandé de l’aide à mon management et aux ressources humaines, j’ai été honnête, exposé ce que je ressentais franchement mais en vain. En tant que citron, il fallait encore donner du jus… Les tensions se sont accentuées, les symptômes également, et finalement mon entourage et ma femme m’ont convaincu d’aller voir un médecin. J’appréhendais cette entrevue, je pensais qu’il ne me croirait pas, que c’était une illusion. Mais la délivrance est venue, oui c’est un burnout! Il faut faire un break, fini le bureau! Je suis retourné annoncer la nouvelle à mon équipe, qui a été formidable de soutien et de marque d’affection (ça fait du bien au moral). Quant à ma hiérarchie, que dire: nul, aucune compassion. Ils ont considéré ce burnout comme une déclaration de guerre.

Un terrible soulagement, une renaissance! Un médecin fantastique qui a pris le temps de m’écouter, de me comprendre. J’ai vécu une première phase euphorique: redécouverte de la vie, du plaisir, ma famille, ma femme, mes amis! Une orgie d’émotions et de bons moments partagés! Après quelques semaines, une phase plus dépressive a suivi, bien que grâce au sport et à la compétition, le plaisir restait tout de même présent. Je suis un épicurien, j’aime la vie, j’aime profiter de la vie, et cette phase était plus difficile à vivre.

Plus les jours passaient, plus une envie de comprendre se faisait sentir, de passer un cap. Je suis allé à une conférence sur le burnout pour mieux appréhender ce « phénomène ». C’est durant cette présentation que j’ai eu le plaisir de rencontrer Madame Vasey qui avait fait une intervention très intéressante. A ce moment-là, je me disais: « pas besoin de psy », bien que mon médecin (généraliste) jouait de facto ce rôle durant nos séances. 2-3 semaines après cette conférence, en discutant avec mon médecin, j’ai émis le souhait d’aller plus loin et de rencontrer une spécialiste du burnout. Je me suis souvenu de Madame Vasey et de son intervention et j’ai pris rendez-vous. J’avoue que c’était une première pour moi, et je ne savais pas vraiment ce qui m’attendait.

Je me suis senti très vite à l’aise, et ces quelques séances m’ont permis d’analyser tout ce qui s’est passé, de mieux comprendre pourquoi et comment je suis allé au delà des mes limites. De mieux identifier les symptômes, et surtout d’en tenir compte. Étant sportif, les bobos ne m’arrêtent pas, malgré la douleur il faut aller plus loin, mais ,ce coup-ci, c’était trop loin! Ces séances je pense m’ont permis de capitaliser sur cette expérience. J’ai beaucoup appris sur moi, bien sur j’aurais préféré ne pas vivre cette situation, mais maintenant que cela fait partie de moi autant en tirer parti et être plus fort et prêt pour les prochains challenges.

Le burnout ne m’a pas seulement affecté personnellement mais également mes proches et ma femme en particulier. Notre couple a vraiment souffert durant cette période, et je ne voulais plus que cela se reproduise. Les blessures étaient encore ouvertes et douloureuses. Ma femme m’avait demandé que l’on rencontre quelqu’un, mais déjà plongé dans le burnout, je n’étais pas moi-même, et cela n’a déclenché que de l’agressivité: « nous ne sommes pas dans une série Télé, c’est hors de question! » J’en ai discuté ouvertement durant une de mes séances, et il s’est avéré que Monsieur Vasey est spécialiste du couple; fantastique, tout le service psychologique sur place!

Nous avons fait deux séances qui nous ont fait sincèrement énormément de bien! Un lieu neutre où nous nous sommes sentis (après un petit round d’observation) très a l’aise également. Nous avons pu clarifier et exprimer tout ce que nous avions besoin de dire, et surtout, se comprendre un peu mieux l’un l’autre. J’habite toujours sur Mars et ma femme sur Venus mais nos planètes se sont rapprochées.

Les sentiments sont présents mais lorsque la mécanique s’enraille, il ne faut pas attendre pour réparer. Il faut entretenir son couple et je le dis sincèrement, ces séances nous ont donné un bon coup de pouce! Aujourd’hui, quelques mois après le burnout, je suis prêt pour relever de nouveaux défis, je suis heureux que ces séances m’ont aidé a m’armer d’une certaine façon contre moi-même, mon enthousiasme et mon énergie débordante. J’avais autant d’à-priori sur ces séances de couple que sur le fait de consulter un psy, mais aujourd’hui je vous le conseille vraiment l’un comme l’autre.

Merci sincèrement à tous les 2!

PS: Je voudrais remercier tout mon entourage qui a été fantastique durant cette période difficile, mes amis, mes copains, ma famille et ma femme. MERCI, MERCI de tout mon coeur!